
Lorsque Gladys-Leigh Villacorta a franchi les portes de l’Hôpital général de Whitehorse en tant que stagiaire du Programme de santé des Premières Nations, elle n’entrait pas en territoire inconnu; elle bouclait la boucle.
Membre de la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in, Gladys a des racines familiales à Dawson et à Old Crow, en plus de liens ancestraux au Salvador. Elle a grandi en Ontario, mais elle vit au Yukon depuis 2011. Sa grand-mère Mabel Reti (née Abel Martin) a travaillé comme infirmière auxiliaire autorisée à l’Hôpital général de Whitehorse, où elle avait commencé comme bénévole.
« C’est de là que me vient ma passion pour les soins de santé », explique Gladys. « Savoir que ma grand-mère a été infirmière, qu’elle a toujours pris soin de la famille, cuisinant pour tout le monde et s’assurant que chacun et chacune allait bien, m’a façonnée. »
Aujourd’hui âgée de 33 ans, Gladys rend honneur à cet héritage en effectuant un stage de 6 mois au sein de l’équipe du Programme de santé des Premières Nations. Le programme de stages jeunesse a pour objectif d’encourager les jeunes Autochtones de 18 à 35 ans à assumer différents rôles dans le milieu hospitalier du Yukon, de soutenir leur éducation et leur formation et, de façon générale, d’accroître la représentation des Autochtones dans le domaine de la santé et d’améliorer les soins prodigués à la patientèle autochtone.
Gladys avait été mise au courant qu’un tel programme existait il y a quelques années, alors qu’elle était à la recherche d’un emploi, mais le moment n’était pas propice. Récemment, elle a reconsidéré cette option et posé sa candidature.
« J’ai toujours eu un intérêt pour les soins de santé et les soins infirmiers, a-t-elle ajouté. Je voulais accéder à ce milieu et voir ce que l’hôpital avait à offrir. » Elle a fait les premiers pas et Scott Longman, des Ressources humaines, a donné suite sans tarder. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.
Observation du personnel de liaison et de soutien communautaire assurant la prestation de soins holistiques
Depuis le début de son stage, Gladys observe les agentes de liaison et les intervenants en soutien communautaire du Programme afin de se familiariser avec tout ce que leurs rôles impliquent.
« Avant de postuler, je n’avais aucune idée de l’ampleur des services de soutien fournis aux patients par le Programme de santé des Premières Nations. »
Le personnel de liaison et d’intervention en soutien communautaire apporte aux patientes et patients autochtones un soutien sur tous les plans : physique, affectif, mental et spirituel. Il veille à ce que leurs besoins soient pris en considération et travaille en collaboration avec le personnel médical, le personnel infirmier et les autres prestataires de soins pour s’assurer qu’ils reçoivent les bons médicaments et les soins nécessaires. « Mais ce n’est pas tout », a ajouté Gladys. L’équipe aide également les personnes autochtones, surtout celles qui viennent des régions, à trouver un lieu sûr où se loger à Whitehorse ou un moyen de transport pour rentrer à la maison.
« L’équipe s’assure que toute la patientèle a un endroit sûr où aller, particulièrement les Aînées et Aînées. Si une personne hospitalisée reçoit son congé la fin de semaine, les maisons d’hébergement n’ont pas nécessairement de la place ou ne sont pas sûres. »
Depuis le début du stage, ses journées ont été bien remplies : préparation de mets traditionnels, dont du bouillon et du ragoût d’orignal (avec l’équipe responsable du projet sur les liens culturels), prestation de soins aux Aînées et Aînés au Centre Thompson et établissement de liens avec eux, observation du personnel de liaison aux services de maternité et de chirurgie. C’est cependant le service des urgences qui l’attire le plus.
« Il s’y passe toujours quelque chose de différent », explique-t-elle. « On y rencontre des gens qui viennent des collectivités rurales. Il arrive que les Aînées ou Aînés soient désorientés, inquiets ou se sentent seuls. Le simple fait de leur offrir un morceau de banique peut suffire à leur remonter le moral – c’est quelque chose de familier et de réconfortant. »
Gladys se souvient d’avoir bénéficié elle-même de ce genre d’attention quand elle a accouché de son fils à l’Hôpital général de Whitehorse en 2013.
« J’ai été accompagnée par Ann Swan et Rose Wilson (agentes de liaison du Programme de santé des Premières Nations). Elles m’ont offert des repas traditionnels et du bouillon d’orignal pendant le travail et m’ont fait savoir qu’elles étaient là pour moi. C’était vraiment réconfortant. »
Aujourd’hui, elle apprend des personnes mêmes qui l’ont réconfortée ce jour-là.
« C’est une chance inouïe d’apprendre auprès de femmes et d’hommes aussi énergiques – ce sont de vraies forces motrices », a dit Gladys. « Observer ces femmes travailler dans des situations d’urgence intenses et garder leur sang-froid est immensément inspirant. »
Bâtir sa confiance pour fournir des soins transformateurs par l’entremise du Programme de santé des Premières Nations
Le stage lui a ouvert les yeux sur toutes les facettes des soins hospitaliers qui passent inaperçues et le rôle essentiel que chacune et chacun joue – du personnel d’entretien au personnel médical – pour assurer le bon fonctionnement du système.
« J’encourage d’autres jeunes à poser leur candidature. Ce n’est pas aussi intimidant qu’on pourrait le supposer, et l’hôpital est un environnement tellement positif et accueillant », précise-t-elle.
Elle dit n’avoir jamais connu un milieu de travail aussi attentionné. Elle se sent soutenue par toute l’équipe du Programme, qui lui rappelle d’aller manger et de prendre ses pauses et répond avec enthousiasme à toutes ses questions.
« Le personnel me dit tout le temps “On est là pour toi!”. C’est un milieu très sécurisant où apprendre, poser des questions, faire des erreurs et évoluer », a-t-elle ajouté.
Quelle sera la prochaine étape? Elle envisage soit de reprendre les études pour faire un cours d’infirmière ou de se porter candidate pour un poste d’agente de liaison à temps plein.
« Je pense qu’il est important que la patientèle puisse constater la présence d’Autochtones à l’hôpital. Cela montre qu’il y a du soutien et des liens positifs et que nos gens peuvent occuper de tels postes et constituer une source d’inspiration pour les autres. C’est énorme, surtout quand on pense à tout ce que notre peuple a dû surmonter. »
Depuis son premier jour comme stagiaire, Gladys dit avoir constaté les retombées positives qu’a le personnel du Programme de santé des Premières Nations dans la vie des patientes et patients autochtones, qu’il s’agisse de leur fournir un soutien médical, d’aider une personne à obtenir une aide financière, un hébergement ou un moyen de transport, ou de petits gestes comme partager un repas traditionnel, mettre à leur disposition des ensembles de perlage, des baumes pour les lèvres ou autres pommades de confection traditionnelle ou d’organiser une séance de purification par la fumée dans la salle de guérison Nàkù.
Pour elle, l’expérience s’avère très enrichissante, parce qu’elle lui permet d’abord de suivre les traces de sa grand-mère infirmière, mais aussi d’inspirer son propre fils.
« Il me dit parfois qu’il aimerait faire carrière dans le domaine de la santé, peut-être devenir médecin ou infirmier. Cela me fait chaud au cœur et me motive. Peut-être que je peux l’encourager dans cette voie et lui faire voir que lui aussi peut avoir un avenir dans ce domaine.»